Bourses européennes "Starting 2024" : 2 lauréats CNRS Alpes

- distinctions -- bourses ERC

Le Conseil européen de la recherche (ERC) vient d'annoncer les lauréats des bourses « Starting » qui financent de manière importante les projets de jeunes chercheurs et chercheuses. Le CNRS est l’institution hôte pour 25 bourses, dont 2 en délégation Alpes. 

En 2024, le Conseil européen de la recherche (ERC) a sélectionné 494 scientifiques en Europe qui ont obtenu une bourse « Starting », pour un montant total de 780 millions d'euros tirés du programme cadre Horizon Europe. Le Conseil avait reçu 3474 candidatures, soit un taux de succès de 14.2 %.

Ce financement entend soutenir des projets de recherche exploratoire sur une durée maximale de 5 ans et avec un budget de 1.5 million d'euros. Il s’adresse à des scientifiques ayant obtenu leur doctorat il y a 2 à 7 ans. Les bourses « Starting » sont le premier type de financement européen accessible aux jeunes chercheurs et chercheuses, avant les bourses « Consolidator » (jusqu’à 2 millions d’euros et 7 à 12 ans après le doctorat) et « Advanced » (jusqu’à 2,5 millions d’euros,pour les chercheurs confirmés).

Du côté du CNRS, avec 51% des lauréats français, l'organisme continue sa progression depuis 2022, même s'il accuse encore un retard de 12 % sur ses performances des années 2017 - 2021.

Les lauréats Starting hébergés par le CNRS Alpes :

Environnement | le Projet IceDaM

Ice Shelf Damage Characterization and Monitoring around Antarctica

Projet porté par Romain MILLAN, chercheur CNRS à l'Institut des géosciences de l'environnement (IGE - CNRS / INRAE / IRD / UGA)

ERC stg 2024 - photo R. MILLAN
Romain MILLAN © CNRS

Romain Millan a réalisé une thèse à l’Université d'Irvine, en Californie, où il a étudié la dynamique des glaciers polaires s'échouant dans l'océan, en utilisant des données satellitaires pour comprendre l’impact des eaux chaudes océaniques sur leur recul. Après sa thèse, il a obtenu une bourse postdoctorale du CNES pour étudier les glaciers dans les massifs montagneux à l’Institut des géosciences de l’environnement. Il publie avec ses collaborateurs le premier atlas global de l’écoulement des glaciers. En 2023, il devient chargé de recherche au CNRS et poursuit ses travaux sur les calottes polaires.

Les plateformes de glace de l'Antarctique agissent comme des barrages limitant l'écoulement de la glace vers l'océan. Depuis quelques années, ces barrages de glace géants ont montré des signes inquiétants d’affaiblissement, avec une augmentation de la présence de fractures dans la glace. Cependant, ce phénomène, et les processus à sa source, sont encore peu compris, ce qui laisse des incertitudes importantes pour anticiper l’évolution future du niveau des mers. L'objectif du projet IceDaM est de quantifier et de comprendre l'évolution de l’endommagement sur les plateformes de glace tout autour de l'Antarctique. Pour arriver à faire cela, ce projet utilisera de manière intensive des observations faites depuis l’espace, mais également depuis des avions, ceci afin d’avoir une image complète de leurs évolutions et ce sur la plus grande période possible. En couplant ces nouvelles observations avec des modèles d’écoulement glaciaire, le projet permettra d’avoir de nouvelles connaissances sur les processus clés créant des fractures et affectant la résistance mécanique de la glace, ce qui a un impact direct sur la montée du niveau marin.

Instabilités mécaniques | le Projet DynaMorph

Dynamic control of Gaussian morphing structures via embedded fluidic networks

Projet porté par Emmanuel SIEFERT, chercheur CNRS au Laboratoire interdisciplinaire de physique (LIPhy - CNRS \ UGA)

ERC stg 2024 - photo E. SIEFERT
Emmanuel SIEFERT © Hélène SIEFERT 2024

Les recherches d’Emmanuel Siéfert se concentrent sur l’étude d’instabilités mécaniques dans des structures architecturées et élancées ainsi que leur couplage avec un écoulement fluide. Il a effectué sa thèse au laboratoire Physique et mécanique des milieux hétérogènes (PMMH, CNRS / ESPCI Paris - PSL / Sorbonne Université / Université Paris Cité) sous la direction de José Bico et Benoit Roman sur l’étude de structures gonflables à changement de forme. En 2020, il rejoint l’équipe d’Eran Sharon à l’Université Hébraïque de Jérusalem pour un premier postdoctorat sur l’étude de plaques et rubans intrinsèquement frustrés. De 2021 à 2023, il est chercheur postdoctoral titulaire d’une bourse individuelle Marie Sklodowska-Curie pour étudier avec Fabian Brau au NLPC (Université Libre de Bruxelles, Belgique) l’interaction fluide structure en jeu lors de la capture de nectar par certains petits nectarivores (abeilles, colibris). Depuis 2024, il est chargé de recherche CNRS dans l’équipe Move au Laboratoire Interdisciplinaire de Physique (LIPhy, CNRS / Université Grenoble Alpes) à Grenoble.

DynaMorph - Dynamic control of Gaussian morphing structures via embedded fluidic networks

Transformer une plaque plane en une coque doublement courbée n'est pas possible sans déformer les distances dans le plan, comme démontré par Gauss dans son théorème fondateur. Dans le monde vivant, cette forte contrainte géométrique est surmontée par une croissance différentielle des tissus, ce qui induit des contraintes mécaniques et donc leur flambage dans une grande variété de formes. Récemment, des matériaux bioinspirés actifs ont été développés pour mimer ces changements de forme. Cependant, malgré des développements rapides, les efforts actuels se concentrent principalement sur la programmation de la forme d'équilibre finale, négligeant la trajectoire dynamique de la transformation. En conséquence, les applications biomédicales dans la chirurgie mini-invasive, la rééducation et la robotique souple restent jusqu'à présent hors de portée.

Le projet DynaMorph vise à développer des structures dans lesquelles la forme, mais aussi la mécanique et la trajectoire de déformation peuvent être programmées dans le temps. La stratégie consistera à fabriquer des plaques souples contenant un réseau de cavités dans lesquelles des écoulements fluidiques peuvent être programmés et d’en déduire la déformation globale du matériau pour programmer dynamiquement sa déformation.

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