Année internationale de la préservation des glaciers : la communauté scientifique grenobloise se mobilise et ouvre ses portes !
Les Nations Unies ont désigné 2025 comme l’année internationale de la préservation des glaciers, pour souligner leur rôle crucial sur la régulation du climat mais aussi les conséquences environnementales et sociétales de leur disparition. Les scientifiques des laboratoires du CNRS, d’INRAE, de l’IRD, de l’Université Grenoble Alpes associée à Grenoble INP – UGA, dont de nombreux laboratoires regroupés au sein de l’Observatoire des sciences de l’Univers de Grenoble (OSUG), ainsi que la Fondation Ice Memory, fondation sous égide de la Fondation UGA, proposent plusieurs temps forts à partir du 20 mars et tout au long de cette année pour sensibiliser le grand public et les décideurs à l’urgence de préserver les glaciers.
Fort d’une renommée internationale et d’une expérience de plus de 80 ans dans l’étude des glaciers, c’est l’Institut des géosciences de l’environnement (IGE) qui a ouvert cette Année internationale à Grenoble en proposant ce jeudi 20 mars une inauguration de ses nouvelles chambres froides en présence de Philippe Baptiste, ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, des représentants des tutelles et des partenaires.
Pour le grand public, l’IGE propose du 20 mars au 6 juillet, une série d’événements ouverts à toutes et à tous pour mieux comprendre les glaciers et leur avenir : conférences, projections, discussions et concerts, afin de sensibiliser aux enjeux liés aux glaciers et au climat. Au fil des rencontres, des chercheurs et chercheuses partageront leurs travaux sur l’évolution des glaciers, leurs interactions avec l’océan et les impacts de leur disparition sur nos sociétés.
En complément, des temps forts comme des portes ouvertes du bâtiment Glaciologie et un concert au Glacier de Saint Sorlin viendront enrichir cette programmation unique.
Première journée mondiale des glaciers le 21 mars : le projet Ice Memory né à Grenoble mis à l’honneur !
Le 21 mars, lors de la première journée mondiale des glaciers organisée par l’UNESCO et l’Organisation Météorologique Mondiale, le projet international de préservation de la mémoire des glaciers Ice Memory né à Grenoble, sera mis à l’honneur dans le cadre d’une table-ronde à l’UNESCO à Paris. Elle réunira des chercheurs grenoblois dont Patrick Ginot, glaciologue et géochimiste IRD au sein de l’IGE, co-fondateur de la Fondation Ice Memory et membre de son Conseil scientifique ainsi que Sabine Lavorel, Professeure de droit public à l'Université Grenoble Alpes (UGA), responsable de la Chaire Droit et Gouvernance Ice Memory. Aux côtés de Thomas Stocker, co-président du GIEC et nouveau président de la Fondation Ice Memory (FIM) qui vient de succéder à Jérôme Chappellaz, directeur de recherche CNRS et co-fondateur de la FIM et Anne-Catherine Ohlmann, directrice de la FIM, ils appelleront à la mobilisation internationale en vue d’accélérer la création d’un patrimoine de carottes de glace – qui sera conservé dans un sanctuaire situé sur les plateaux Antarctique - essentiel aux futures générations de scientifiques.
► Lien vers la conférence sur le site de l’ONU dédié aux glaciers : ONU glaciers
Bilan et conséquences globales de la fonte des glaciers
Partout dans le monde, nous assistons à une accélération de la disparition des glaciers directement liée à la hausse des températures et au dérèglement climatique provoqué par les activités humaines. Ainsi, dans certains massifs de la planète, c’est plus de 30% du volume des glaciers qui a disparu sur les 20 dernières années. Les conséquences de la disparition des glaciers sont multiples :
- Hausse du niveau des mers : avec un potentiel de hausse du niveau des mers équivalent à +40 cm et dû à leur très forte sensibilité et réactivité au climat, la fonte des glaciers participe chaque année pour un tiers à l’élévation moyenne des océans. Au cours du XXe siècle, le niveau moyen global de la mer a augmenté d’environ 15 cm.
- Evolution de la ressource en eau potable pour les populations : la neige saisonnière et les glaciers constituent les châteaux d’eau de notre planète. Dans des régions sèches (comme les Andes) ou en période estivale comme sous nos latitudes, la neige et les glaciers soutiennent les débits des rivières et des nappes. Par exemple, à la Paz en Bolivie, en saison sèche, plus de 30% de l’eau potable de la ville provient des glaciers.
- Augmentation des risques d’origine glaciaire et hydro-glaciaire : avec le recul des glaciers ou l’augmentation des températures de l’air et donc des glaciers, le risque de formation de lacs (liée à la fonte) ou de déstabilisation de glaciers (liée au réchauffement de la glace) pourrait augmenter, ce qui nécessite évidemment une surveillance accrue de ces phénomènes.
Focus sur les travaux de l’IGE sur les glaciers Alpins
Les glaciers des Alpes reculent à un rythme que l’on n’avait jamais observé depuis le début des observations, c’est-à-dire depuis 150 ans. Dans les Alpes françaises, comme dans les Alpes suisses, italiennes ou autrichiennes, nous avons la chance de disposer d’observations très détaillées depuis de nombreuses décennies qui nous permettent de faire un diagnostic très clair de l’évolution des glaciers. Les variations de longueur sont mesurées depuis plus d’une centaine d’années et les bilans de masse annuels (différence entre l’accumulation neigeuse et la fonte) sont observés depuis le milieu du 20e siècle. Grâce à ces observations détaillées réalisées notamment à l’IGE (au sol et par satellite), nous avons une idée très précise, non seulement de l’évolution des glaciers, mais surtout des causes qui provoquent un tel recul. Elles nous permettent aussi de tester nos modèles et de faire des projections dans le futur.
Focus sur le projet Ice Memory et les actions de sa fondation : un projet international pour sauvegarder la mémoire des glaces
La Fondation Ice Memory est pleinement engagée dans l'Année Internationale de la Préservation des Glaciers en 2025. Le projet international est né de la volonté des chercheurs de l’IGE – rejoints par les chercheurs italiens et suisses - de sauvegarder la mémoire du climat contenu dans des glaciers menacés de disparition, et ce dans le monde entier. Plusieurs expéditions ont été organisées depuis 2016 dont la première au Col du Dôme - Mont Blanc, pour collecter des carottes de glaces avec le soutien de la Fondation UGA notamment.
Face à l’accélération de la fonte des glaciers, la constitution d’un tel patrimoine est une véritable course contre la montre. Ces efforts n'enrichiront pas seulement la compréhension scientifique actuelle, ils constitueront également une ressource vitale pour les chercheurs et les projets scientifiques futurs, tout en fournissant des orientations précieuses pour les décideurs sur les évolutions climatiques et environnementales futures. Grâce à ce patrimoine glaciaire, les chercheurs pourront toujours mener leurs propres programmes de recherche, avec de nouvelles approches et en utilisant les nouvelles techniques qu'ils auront développées. Ice Memory n’est pas un programme de recherche en tant que tel, son but est bien de permettre à la science des carottes de glace de se poursuivre lorsque les glaciers aujourd’hui menacés auront disparu.
Focus sur le projet ALPALGA et les microalgues des neiges
Le projet ALPALGA, initié par Éric Maréchal, chercheur CNRS au Laboratoire physiologie cellulaire et végétale (LPCV – CNRS/UGA/CEA/INRAE), porte sur l’étude des microalgues à l’origine des neiges rouges. Phénomène naturel et cyclique, il a été observé depuis des siècles par plusieurs savants et scientifiques à travers le globe. Pourtant, il faudra attendre 2019 pour que soit identifiée Sanguina nivaloides, une microalgue photosynthétique ! Verte une partie de son cycle, elle se colore en rouge au printemps, grâce aux caroténoïdes qu’elle possède.
